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Interview avec Christian Sottas


Plongez dans l'univers de l'équitation suisse avec notre interview exclusive de Christian Sottas, entraîneur de l'équipe Suisse Espoir et propriétaire de l’écurie Sottas à Marsens (VD).

Je ne sais pas si mon parcours est impressionnant… J’ai tout d’abord commencé par le ski de compétition. Depuis mon plus jeune âge, je faisais du ski. J’ai participé à des courses en Coupe d’Europe et même en Coupe du monde.

Mais la passion des chevaux a toujours été là. Quand j’étais gamin, j’allais chez les paysans pour leur donner un coup de main pendant les fenaisons, et le samedi ou le dimanche, on avait le droit de prendre le cheval de trait pour aller se promener. J’aimais déjà profondément les animaux, les chevaux en particulier.

Et puis un jour, j’ai eu la chance que mon père m’achète un petit cheval polonais, pas encore débourré. Ça a été toute une aventure de le mettre en route, de commencer à sauter avec lui. J’ai aussi eu la chance de croiser la route d’un écuyer du Cadre Noir de Saumur, qui était en vacances à Charmey. Il m’a donné un petit coup de main et transmis des bases solides.

Ensuite, les choses se sont enchaînées naturellement, porté par la passion : un cheval, deux, trois, quatre… et la compétition est venue avec.

Après le ski, que j’ai dû arrêter à 24 ans suite à un accident, je me suis lancé dans l’équitation, un peu par passion au départ, mais c’est vite devenu bien plus que ça.

Alors tout d’abord, j’avais mes deux enfants qui faisaient du poney, et je trouvais que les structures, ainsi que les personnes qui s’en occupaient, n’étaient pas tout à fait assez dynamiques… Je me suis dit : allez, il faut y aller.

J’ai donc appelé un jour le directeur de la fédération, celui qui s’occupait du sport poney. Je lui ai dit : « On veut vraiment se lancer à fond là-dedans, on veut faire de la compétition à haut niveau. Franchement, je trouve que les structures en place ne suffisent pas. »

Alors, il m’a posé la question : « Mais qui pourrait faire ça ? » Et je lui ai répondu : « J’en vois qu’un, c’est moi. »

On est parti comme ça. Il m’a nommé à la tête de la section poneys. J’ai fait ça pendant une dizaine d’années. On a eu des médailles aux championnats d’Europe de poneys.

Ensuite, j’ai arrêté un certain temps. Puis on m’a recontacté, et j’ai repris du service, cette fois pour m’occuper des juniors et des jeunes cavaliers. Et je suis toujours là-dedans… Ça fait un peu plus de 30 ans de coaching avec la relève : des poneys aux children, en passant par les juniors et les jeunes cavaliers.

C’est un métier passion.

Alors, encore une fois, on a des programmes scolaires relativement chargés pour les enfants motivés, parce que les études restent importantes. C’est plus important que l’équitation, car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus au haut niveau. Je pense qu’il manque une véritable structure. Il faudrait un cadre similaire à celui dont bénéficient les skieurs, avec des programmes scolaires allégés, afin de permettre une pratique de l’équitation plus soutenue.

Ensuite, le deuxième problème, c’est d’avoir les chevaux adaptés pour pratiquer ce sport. En Suisse, comme ce n’est pas un pays d’élevage, on a peu d’éleveurs qui appellent pour proposer à un bon jeune cavalier de monter leurs chevaux. C’est un vrai frein. Contrairement à des pays comme la France, les Pays-Bas ou la Belgique, où les jeunes ayant un peu de talent se voient offrir bien plus d’opportunités que chez nous.

Voilà, c’est exactement ce que vous dites : je voulais faire du sport de haut niveau avec les jeunes, et je me suis dit, allez, il faut une structure adaptée.

Avec l’aide de mon père, on a construit des installations, aménagé des paddocks modernes, et on s’est vraiment lancés à fond là-dedans.

Je crois que ça apporte satisfaction à tous ceux qui viennent faire de la compétition ou de l’entraînement chez moi.

Alors, on s’est surtout concentrés sur les concours destinés à la relève, en particulier depuis les catégories children, poneys et juniors, jusqu’aux jeunes cavaliers, c’est-à-dire jusqu’à 21 ans.

Bien sûr, on propose aussi des épreuves ouvertes aux adultes, comme dans tous les concours, mais notre axe principal, c’est vraiment la jeunesse.

Encore une fois, l’idée, c’est de promouvoir cette nouvelle génération dans le monde de l’équitation.

Il faut choisir un bon endroit, bien réfléchir, parce que la personne qui se lance dans un tel projet doit avoir de la patience, et surtout, un peu de ténacité. Il faut aller jusqu’au bout des choses, vraiment vouloir mener ce projet à bien.

C’est un domaine très particulier, c’est un sport qu’il faut prendre au sérieux. Ce n’est pas fait pour tout le monde, malheureusement.

Donc, quelqu’un qui se lance là-dedans doit être sûr de ce qu’il veut, et surtout déterminé. Il faut être prêt à aller jusqu’au bout, coûte que coûte.

Alors, en Suisse, c’est un petit pays, on n’a pas énormément d’élevages… mais on a énormément de passionnés. Et par rapport au nombre de cavaliers, on a vraiment des cavaliers de très haut niveau, certains sont super bien classés mondialement.

La relève est aussi très prometteuse. Je crois qu’aujourd’hui, on a un vrai bon programme pour les jeunes. Et on a la chance d’avoir une famille qui nous soutient beaucoup : la famille Straumann. Ce sont de véritables mécènes, et leur engagement est admirable, vraiment admirable. Leur fille fait partie du programme, mais au-delà de ça, ils soutiennent financièrement de manière significative le développement des jeunes.

Ils sponsorisent le coaching, les salaires des entraîneurs, les sorties à l’étranger… c’est un soutien essentiel. Donc oui, j’y crois. Le sport équestre en Suisse a de l’avenir.

Bien sûr, en Europe, la situation géopolitique est parfois un peu compliquée, mais en ce moment, les choses semblent se stabiliser. Et puis il y a tellement de concours internationaux : en Belgique, en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, jusqu’au Danemark, en Suède, en Espagne, au Portugal… il y en a pour les jeunes partout.

C’est un sport qui, comme je le disais tout à l’heure, n’est pas fait pour tout le monde, mais c’est un sport noble. Les gens aiment ça. Il y a beaucoup d’amour pour les chevaux, et ça va continuer. Ça va rester vivant, dynamique.

Alors je crois que la première qualité, c’est l’amour des chevaux. La passion, avant tout. Et puis, il faut savoir jusqu’où on veut aller. Si l’objectif, c’est les Jeux Olympiques, alors il faut s’entourer d’une structure professionnelle adaptée.

Il faut avoir les bons chevaux, ceux qui permettent de progresser, les bons entraîneurs, et surtout, des parents présents, qui soutiennent. Parce que quand on est jeune, on a besoin de ses parents, pour transporter, pour organiser… Un enfant de 13 ou 14 ans ne peut pas gérer tout ça tout seul. L’appui des parents est donc fondamental.

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Propriétés équestres